2020 09 26 VOILEE (25TO6) (Luc 9, 43b-45)
Luc, en racontant cet épisode, ne peut cacher son admiration pour Jésus « devant tout ce qu’il faisait ». Mais c’est aussi pour dire que Jésus voulait détromper les gens qui attendaient qu’Il se laisse proclamer « roi ».Cette annonce de la Passion suit de près la première (9, 22) et montre que Jésus n’accepte aucune méprise sur ce point : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » Mais les esprits des disciples n’étaient pas préparés à une telle annonce.
Le verset 45 exprime la gêne des disciples qui préfèrent ne pas poser de questions à Jésus : pour eux, c’est un « sujet qui fâche », et ils préfèrent le silence. On se souvient de la réplique de Jésus à Pierre, lorsqu’il voulait préserver Jésus des supplices de la Passion (Matthieu 16, 21-23). Jésus est libre, et Il accomplit sa mission – qui comporte la Passion ; pour le moment, la parole de Jésus « leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens. » C’est au soir de la Résurrection, selon Luc 24, 45, que Jésus « ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. »
Origène (v. 185-253) expliquait pourquoi « ces paroles restaient voilées pour eux »
« Parmi toutes les grandes choses et les merveilles que l'on peut dire du Christ, il en est une qui dépasse absolument l'admiration dont est capable l'esprit humain ; la fragilité de notre intelligence mortelle ne sait pas comment la comprendre ou l'imaginer. C'est que la toute-puissance de la majesté divine, la Parole même du Père (Jn 1,1), la propre Sagesse de Dieu (1Co 1,24), en laquelle toutes choses ont été créées — ce qui est visible comme ce qui est invisible (Jn 1,3; Col 1,16) — s'est laissé enfermer dans les limites de cet homme qui s'est manifesté en Judée. Tel est l'objet de notre foi.
Et nous avons appris qu'après cela le Christ a connu le trouble devant la mort au point de s'écrier : « Mon âme est triste à en mourir » (Mt 26,38), et qu'enfin il a été traîné à une mort honteuse entre toutes parmi les hommes, même si nous savons qu'il est ressuscité le troisième jour. (…)
En vérité, faire entendre de telles choses à des oreilles humaines, essayer de les exprimer par des mots, dépasse le langage des hommes (…) et probablement celui des anges. »