HOMÉLIE
Non, Jésus ne nous a pas abandonnés ; Dieu ne nous a pas laissés tombés lorsque Jésus est retourné près de son Père !... Si l’Ascension marque la fin de sa présence au milieu des 11 apôtres qu’il rencontre pour la dernière fois, ce n’est pas pour inaugurer le temps de son absence, mais pour une autre présence; celle du Christ glorieux, à la droite du Père. Saint Augustin écrit : "Le Christ ne s’est pas éloigné du ciel lorsqu’il en est descendu pur venir vers nous ; et il ne s’est pas éloigné de nous lorsqu’il est monté pour revenir au ciel." Avec lui, l'humanité entière est introduite dans le Royaume des cieux.
Nous sommes dans la joie même si nous ne sommes pas encore au terme de notre pèlerinage terrestre car désormais nous connaissons le chemin que Jésus a suivi depuis Noël jusqu’à son Ascension, après sa Passion, puis son chemin de la croix, nous avançons avec espérance en suivant Christ ressuscité qui nous montre le chemin vers le Père.
Nous pourrions être tentés par le découragement à force de chercher avec le sentiment de ne jamais trouver ; éprouvant parfois une certaine absence de Dieu dans notre vie, comme les disciples au départ de Jésus. Ils l’ont côtoyé, ont été témoins de sa mort sur la croix ; ils l’ont vu et l’ont touché, remplis de joie après sa Résurrection. Maintenant, ils éprouvent la tristesse de son départ qu’ils ne comprennent pas ! …
L’Ascension stimule notre espérance, en raison de la promesse de Jésus à ses apôtres : "Vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés […] quand le Saint Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins …".
C’est l’acte de naissance de l’Eglise. Au moment de son Ascension vers son Père, en confiant à ses disciples la charge de poursuivre sa mission, Jésus pose l’acte fondateur de son Eglise. Lorsqu’il sillonnait les rues de Galilée, il était présent avec son corps physique. Après sa résurrection, il s’est montré avec son corps glorieux à ceux qu’il a choisi en leur donnant de pouvoir le reconnaître.
Désormais, il ne sera plus visible autrement que par son Eglise, dans les sacrements qu'il nous a laissés comme signes de sa présence réelle ; en premier lieu, l'Eucharistie. Comme à Emmaüs, il se donne à voir dans la lumière de la foi. En ce jour, le regard fixé sur le Christ assis près du Père, nous le contemplons pour découvrir peu à peu que là où est la tête, là aussi sont les membres. Déjà nous sommes auprès de Dieu et il nous faut vivre sur cette terre avec cette espérance de rejoindre un jour le Christ à la droite du Père.
L'Ascension du Seigneur rappelle la “mission” qui nous a été confiée : "C'est vous qui en êtes les témoins." Il veut faire de nous des disciples missionnaires brûlés au feu de l’Esprit et de l’amour de Dieu, témoins jusqu’aux extrémités de la terre, y compris là où nous vivons. Le Christ nous associe à sa mission confiée à l'Eglise pour porter à tous la joie de l'Evangile. Prenons le temps d’invoquer le Christ pour qu’il envoie sur nous ce que son Père a promis, c’est-à-dire l’Esprit Saint. Cette force venue d’en haut pour nous permettre d’accomplir courageusement la mission qu’il nous confie. Entre le temps de l’Ascension et celui de la Pentecôte, demandons quotidiennement le don de l’Esprit Saint, pour nous, nos communautés, notre Église, nos familles et pour le monde. L’Oraison finale de la messe nous rappellera que nous avons été choisi pour "les biens du ciel alors que nous sommes encore sur la terre …"
Alors, pas le temps de se demander ce qu’il faut faire. Si beaucoup se réjouissent de faire ce qu’on appelle, ‘le pont de l’Ascension’, la joie de cette fête, c’est le Christ ressuscité qui établit un pont entre le ciel et la terre. Ce qui fonde notre joie de croire et notre bonheur de vivre dans l’espérance, c’est que nous connaissons le chemin qui conduit à la maison du Père.
"A vous d’en être les témoins" L’appel de Jésus retentit aujourd’hui au cœur d’une actualité confuse dans un monde en manque d’espérance où la situation de l’Église dans nos pays de vieille chrétienté reflète la réalité de bien des vies spirituelles profondément déprimées. Dans ces 10 jours entre l’Ascension de Jésus et la Pentecôte, préparons nos cœurs à être renouvelé dans le feu de l’Esprit reçu à notre baptême et à notre confirmation.
Mettons-nous à l’école de ‘Marie, étoile de la Nouvelle Evangélisation’. Marie est vraiment cette étoile car elle nous apprend à aimer le Christ, à le recevoir et à le transmettre. Comme le répétait Saint Louis-Marie Grignon de Montfort "à Jésus par Marie". Par Marie, Jésus est venu jusqu'à nous; par Marie, nous allons à Jésus. Nous avons pour patrie le Ciel, nous appartenons au Ciel, comme l'a confirmée la Vierge Marie, en dévoilant son identité aux enfants à Fatima en 1917 : "Je suis du Ciel …".
Frères et sœurs, que le vent de l’Esprit souffle sur notre paroisse et notre diocèse, pour une nouvelle Pentecôte d’amour !...
La source de l'œuvre missionnaire, c'est l’Eucharistie en laquelle nous reconnaissons la présence réelle du Christ ressuscité qui souffle sur nous le Saint Esprit pour soutenir notre espérance dans cette marche confiante.
Qu’il vous affermisse dans la foi et vous garde dans la joie jusqu’au jour où nous verrons le Christ tel qu’il est !... Qu’il renouvelle en chacun de vous l’ardeur missionnaire pour répandre la joie de l’Evangile de la vie, de l’amour et de la paix comme une Bonne Nouvelle d’espérance !...
Abbé Jean-Yves Poulailleau