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Homélies paroissiales
Homélie du Jeudi Saint 2022 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
Homélie du Jeudi Saint 2022 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
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Homélie du Jeudi Saint 2022 par l'abbé Alexandre-Marie Robineau

HOMÉLIE

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,

Connaissez-vous le songe des 3 blancheurs de Don Bosco ? Un matin, St Jean Bosco se réveilla avec le souvenir d’un rêve très fort, puissant, comme prophétique où il avait vu la barque de l’Eglise avec le Pape en blanc à sa tête, être pris dans une terrible tempête de persécutions, d’attaques, de violence, de destruction. La barque était proche de se détruire quand 2 colonnes surgirent de la mer et des flots : une colonne avec la Vierge Marie et une colonne avec l’eucharistie, et la barque s’arrima à ces 2 colonnes et au final ne coula pas et pu tenir bon pour affronter la tempête contre vents et marées… Peut-être était-ce un rêve prophétique pour son temps, le temps de Don Bosco, mais peut-être aussi pour notre temps aujourd’hui afin de tenir bon dans les épreuves… Vous n’êtes peut-être pas sans savoir que Don Bosco, comme beaucoup d’autres figures de sainteté (comme St Padre Pio, Ste Jeanne d’Arc, Ste Jeanne Jugan, St Jean de la Croix, etc.), a vécu les pires épreuves et les plus douloureuses persécutions de la part même de ses frères laïcs, prêtres et évêques, du sein de l’Eglise elle-même… Comme le Christ trahit par Judas, un des Douze ! Le disciple n’est pas supérieur à son maître…

Alors, en ce jour du Jeudi Saint, jour de la fête de l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce, creusons un peu plus ensemble ce mystère central de notre foi… Voyons cela en parlant du sacrifice, du don de soi et de la prière pour les prêtres. 

1/ le sacrifice

Je ne sais pas si vous avez pris le temps de lire, prier et méditer les textes de la nouvelle traduction liturgique de la messe qui essayent d’être plus proches de l’original en latin. Notamment par cette petite phrase (que tous ne connaissent pas encore très bien !! Pas bien !! Allez, un petit effort…) :

Le prêtre dit : « Priez, frères et sœurs, que mon sacrifice qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout puissant ». Et les fidèles répondent ?? : « Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise ». Prenez le temps chers amis de vraiment l’apprendre en le priant, en le méditant, par cœur, avec le cœur… Cela en vaut la peine afin de le vivre vraiment à chaque messe : le sacrifice de votre vie, de chacune de nos vies unit au sacrifice du Christ, offert au Père, par les mains du prêtre. Aussi dans les paroles des prières eucharistiques… le sacrifice…

Vous connaissez le sens du mot « hostie » ? Cela veut dire « victime », « offert en sacrifice ». Ça donnera aussi « holocauste » qui veut dire « sacrifice, sacrifié ».

Comprenez-vous alors, chers amis, ce qui se joue de décisif à chaque messe ? Ce que le Concile Vatican II appelle « la participation active des fidèles » ? Il ne s’agit pas d’abord de faire quelque chose pendant la messe : une lecture, la quête ou que sais-je ! Il s’agit d’abord et avant tout de participer activement au sacrifice de la messe en offrant sa vie réellement avec le Christ. Comme dit le psalmiste : « je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce ». Ce n’est pas un sacrifice extérieur mais le sacrifice de soi-même, qui rend notre vie sacrée car donnée…

La Christ a offert une fois pour toutes sur la croix, par amour, le sacrifice qui nous sauve et qu’il réitère par son Corps l’Eglise à chaque messe offerte sur l’autel afin de continuer de nous sauver. Et nous baptisés, membres du Corps du Christ, nous sommes invités à participer à ce sacrifice en nous offrant avec le Christ. Et à chaque fois que nous communions, que nous recevons l’hostie, le Corps du Christ sacrifié et offert par amour, nous devenons nous-mêmes, toujours un peu plus hostie, victime offerte en sacrifice d’amour comme le Christ, avec le Christ, par le Christ. Immense mystère de l’eucharistie qui est lié au mystère du sacerdoce et au mystère de l’Eglise et au final au mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. Tout se tient ! Tout est lié ! Et quand un prêtre n’y croit pas, n’y croit plus, et ne le vit pas, ce sont de nombreux baptisés qui perdent la foi en ce mystère central et essentiel pour ne pas que l’Eglise sombre…

Le mystère du sacrifice eucharistique, du sacrifice d’action de grâce par excellence, doit être le cœur de notre vie, le moteur de notre existence, le centre de notre foi ! Et s’il se vit à la messe de manière supérieure et excellente, c’est parce que et pour qu’il se déploie dans toutes les dimensions de la vie par l’exercice concret du don de soi par amour… 

2/ le don de soi par amour

Quand on analyse un peu la réalité du territoire de la Vendée militaire, on s’aperçoit que la réalité chrétienne a complètement labouré cette terre pour la marquer du sang du Christ par le sang des martyrs. Toute cette dimension du bénévolat, du don de soi, du bien commun, etc. ne vient pas du hasard mais bien de la doctrine chrétienne invitant à suivre le Christ dans son sacrifice offert par amour.

Le sacrifice du Christ se poursuit dans son Corps qu’est l’Eglise et donc dans ses membres que nous sommes tous. Le Christ a besoin de nos mains, de notre cœur, de notre bouche, de nos yeux pour continuer d’aimer, de servir, de se donner, de s’offrir. Il peut tout faire sans nous mais il ne veut rien faire sans nous. Pour continuer de se donner aux Hommes, il a besoin du don de notre vie. Il a besoin de notre amour. Si nous lui offrons tout, il fera des merveilles pour mettre le feu de l’amour et de la joie au cœur du monde ! Il a besoin de nous ! Allons-nous enfin accepter de lui donner notre amour, de lui donner notre vie ?

Et comme j’aime à le répéter : la messe commence quand elle finit ; quand nous repartons chez nous pour vivre concrètement, dans une même logique, le sacrifice d’amour du Christ, en nous donnant, en pardonnant, en servant, comme le Christ, à la suite du Christ. Et ça passe par de petites choses ! Combien de millions et de millions de personnes saintes trouverons-nous au Ciel qui ont aimé en cachette ? Qui se sont données dans l’oubli d’elles-mêmes, avec discrétion, humilité, cachées aux yeux du monde et des médias, aux yeux des puissants et des sages ? Soyons de ces saints cachés chers frères et sœurs. Prenons le temps de laver discrètement les pieds de nos frères et sœurs en les aimant, en se donnant, comme le Christ…

Offrons nos vies chers amis pour que le Christ continue d’offrir sa vie pour sauver nos frères et sœurs. Et ça passe notamment par l’offrande de la prière et spécialement de la prière pour les prêtres ! 

3/ la nécessité de prier pour les prêtres afin d’avoir de saints prêtres

Et je ne dis pas ça d’abord parce que je suis prêtre, mais je veux bien quand même que vous priiez pour moi ! Surtout en ce moment… La croix est parfois lourde…

Le Christ a confié une mission si grande, si belle, si immense aux prêtres que ceux-ci en sont toujours et totalement indignes ! Une si grande chose pour des êtres si misérables ! C’est pour ça que plus qu’un autre, un prêtre n’a pas le choix : il doit être un saint sinon il détruit plus qu’il ne bénit ; il détourne du Christ plus qu’il n’y conduit ! Quand un prêtre ne suit pas le Christ et son Eglise, il suit le diable et sème la mort…

Et donc, chers amis, il faut vraiment vraiment prier pour les prêtres et pour avoir de saints prêtres, et donc prier aussi pour les séminaristes et prier pour les vocations ! Prier pour toutes les vocations car nous avons besoin de saintes religieuses et de saints foyers chrétiens ! Mais par-dessus tout nous avons besoin de saints prêtres qui donnent au peuple de Dieu le Christ : le Corps du Christ, la Parole du Christ, le Pardon du Christ, la Vie du Christ ! Pour que le Christ Jésus lui-même continue d’être le pasteur de son peuple en vivant l’exemple du serviteur qui s’agenouille pour nous laver les pieds…

Et le prêtre sera fidèle et sera saint quand il continuera de placer au cœur de sa vie sacerdotale l’eucharistie et la Vierge Marie, comme dans le songe de Don Bosco : ces deux colonnes qui permettent de tenir dans les tempêtes ! S’il le vit en vérité, il le partagera aux fidèles ! Mais il faut prier et s’offrir pour les prêtres afin que les prêtres s’offrent pour vous ! c’est un va et vient continue, incessant, complémentaire, mutualisé pour que dans la communion au Christ et dans le Christ cela porte beaucoup de fruits !

Des temps de tempête s’annoncent chers amis. Il faut plus que jamais se raccrocher à l’eucharistie et à la Vierge Marie en demeurant dans la barque de l’Eglise.

Pour terminer, avec Marie et toute l’Eglise, j’aimerai redire cette prière du Saint Curé d’Ars :

"Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie.

Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer.

Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement.

Je vous aime, ô mon Dieu, et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on n’y aura jamais la douce consolation de vous aimer.

Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire.

Ah ! Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, de vous aimer en souffrant, et d’expirer un jour en vous aimant et en sentant que je vous aime.

Et plus j’approche de ma fin, plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner.

Ainsi soit-il."

Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +

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