HOMÉLIE
Il faut ‘choisir Dieu ou l’argent’ !... Les textes bibliques de ce dimanche doivent nous déranger de nos habitudes, de notre confort en vue d’une réelle conversion.
Avec le prophète Amos dans la 1ère lecture. Nous sommes sous le règne du roi Jéroboam II (8ème siècle avant J.C.) Alors qu’Israël connaît une période de prospérité, avec de bonnes récoltes, un commerce qui va bien, Dieu appelle Amos et l’envoie pour dénoncer les injustices et la malhonnêteté de ceux qui s’enrichissent au détriment des plus pauvres : "On fausse les balances … On va jusqu'à vendre les déchets du froment …"
Le prophète s’attaque aux désordres, aux inégalités et aux injustices. Il dénonce la tromperie de ceux qui profitent de la dépendance des plus faibles pour les exploiter. Ce n’est pas tolérable. Lorsque l’homme oublie Celui qui est la source de tout bien, il est prêt aux pires escroqueries au mépris des plus fragiles. Le message d'Amos pour la construction d’un monde plus juste et plus fraternel est toujours d’actualité.
Dans la 2ème lecture, l'apôtre Paul témoigne de sa foi, annonçant un Dieu qui veut le salut de tous en son Fils Jésus. Paul demande que l’on prie pour tous et plus spécialement pour les responsables de notre société afin que "nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme" dont notre monde a tant besoin.
Dans l'Évangile, Jésus raconte la parabole de cet intendant malhonnête qui a triché sur les comptes. Il dénonce l'argent malhonnête, le "capital de l'injustice", faisant la distinction entre l'argent gagné justement qui est un bien et l'argent gaspillé au dépend des pauvres qui crée une injustice. Jésus ne fait pas l’éloge de ce gérant trompeur et malhonnête, mais de l’habilité de cet homme vis-à-vis de ses débiteurs. Il va être licencié ; il sera donc à la rue, sans salaires, les poches vides. Pour s'en sortir, il réfléchit et profitant de son ultime pouvoir, décide d’abaisser les dettes des débiteurs de son maître.
En agissant ainsi, ce gérant ne puisait pas sur les ressources de son patron, mais sur ses propres revenus. Le maître fait son éloge, car ce gérant a compris qu’il vaut mieux perdre son argent que ses amis. Son habileté, c’est de se dessaisir de l’Argent trompeur pour le remettre à ses amis qui l’accueilleront. Jésus voudrait bien que "les fils de lumière" soient aussi habiles pour que l’argent serve au bien de tous.
Jésus nous invite, non pas à tromper les autres, mais à être habile dans l'utilisation des biens que Dieu nous confie pour le bonheur et l'épanouissement de tous, y compris les biens spirituels. Si ce gérant est habile pour se faire des amis qui l’accueilleront, les chrétiens doivent avoir la même habileté pour servir et partager avec les pauvres qui, au soir de notre vie, nous recevront dans le Royaume de Dieu.
L'argent, un moyen et non un but ; d’où la conclusion de Jésus : ‘‘ […] Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent ! ..." Il nous faut choisir !... Constatant que "les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière", Jésus voudrait que nous soyons aussi ingénieux pour transmettre l’Evangile, la Bonne Nouvelle du salut.
Sainte Teresa de Calcutta avait bien compris la conclusion de Jésus nous invitant à nous "faire des amis avec l'argent malhonnête, afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis nous reçoivent dans les demeures éternelles". Ces amis, ce sont les plus pauvres parmi les pauvres, les miséreux, les exclus, car à travers eux, c’est Jésus qui est là, c’est lui que nous servons.
Un jour nous aurons à rendre compte des biens qui nous ont été confiés, biens matériels, culturels, social et spirituel. Dieu nous appelle et nous envoie pour faire fructifier les talents que nous avons reçus, en partageant et en les mettant au service des plus pauvres par amour pour lui. Ainsi, lorsque nous aurons à rendre compte de notre vie, nous aurons de nombreux amis, des pauvres, des malades, des exclus qui nous accueillerons dans les demeures éternelles.
Frères et sœurs, mettons-nous à l’école de Jésus qui nous appelle à choisir. Si nous nous montrons dignes de ‘confiance’ dans l’usage habile que nous faisons des biens à notre disposition, alors il nous sera confié un bien supérieur : la capacité à aimer et à servir comme le Christ nous a aimés jusqu’au bout. C’e bien spirituel, nous le recevons dans chaque Eucharistie pour devenir des disciples missionnaires de l’Evangile.
Notre messe chaque dimanche est comme une vaste réunion de chantier ouvert à tous. C'est le chantier du Royaume de Dieu à construire. Si nous voulons être fidèles au Maître d’œuvre, notre présence est indispensable. C'est là que le Christ se donne pour que nous puissions porter l’Evangile de la vie et de l’amour, et servir les plus petits, ses amis qui nous accueilleront dans le Royaume de Dieu pour la Vie éternelle.
Amen !...
Abbé Jean-Yves Poulailleau
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Contre ceux qui « achètent le faible pour un peu d’argent » (Am 8, 4-7)
Lecture du livre du prophète Amos
Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux
pour anéantir les humbles du pays,
car vous dites :
« Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée,
pour que nous puissions vendre notre blé ?
Quand donc le sabbat sera-t-il fini,
pour que nous puissions écouler notre froment ?
Nous allons diminuer les mesures,
augmenter les prix et fausser les balances.
Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent,
le malheureux pour une paire de sandales.
Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! »
Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob :
Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8)
R/ Louez le nom du Seigneur :
de la poussière il relève le faible.
ou : Alléluia ! (Ps 112, 1b.7a)
Louez, serviteurs du Seigneur,
louez le nom du Seigneur !
Béni soit le nom du Seigneur,
maintenant et pour les siècles des siècles !
Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ?
Lui, il siège là-haut.
Mais il abaisse son regard
vers le ciel et vers la terre.
De la poussière il relève le faible,
il retire le pauvre de la cendre
pour qu’il siège parmi les princes,
parmi les princes de son peuple.
DEUXIÈME LECTURE
« J’encourage à faire des prières pour tous les hommes à Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2, 1-8)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Bien-aimé,
j’encourage, avant tout,
à faire des demandes, des prières,
des intercessions et des actions de grâce
pour tous les hommes,
pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité,
afin que nous puissions mener notre vie
dans la tranquillité et le calme,
en toute piété et dignité.
Cette prière est bonne et agréable
à Dieu notre Sauveur,
car il veut que tous les hommes soient sauvés
et parviennent à la pleine connaissance de la vérité.
En effet, il n’y a qu’un seul Dieu,
il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes :
un homme, le Christ Jésus,
qui s’est donné lui-même
en rançon pour tous.
Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage,
pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’apôtre
– je dis vrai, je ne mens pas –
moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité.
Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient
en élevant les mains,
saintement, sans colère ni dispute.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 1-13)
Alléluia. Alléluia.
Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche,
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
Alléluia. (cf. 2 Co 8, 9)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Un homme riche avait un gérant
qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
Il le convoqua et lui dit :
‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ?
Rends-moi les comptes de ta gestion,
car tu ne peux plus être mon gérant.’
Le gérant se dit en lui-même :
‘Que vais-je faire,
puisque mon maître me retire la gestion ?
Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force.
Mendier ? J’aurais honte.
Je sais ce que je vais faire,
pour qu’une fois renvoyé de ma gérance,
des gens m’accueillent chez eux.’
Il fit alors venir, un par un,
ceux qui avaient des dettes envers son maître.
Il demanda au premier :
‘Combien dois-tu à mon maître ?’
Il répondit :
‘Cent barils d’huile.’
Le gérant lui dit :
‘Voici ton reçu ;
vite, assieds-toi et écris cinquante.’
Puis il demanda à un autre :
‘Et toi, combien dois-tu ?’
Il répondit :
‘Cent sacs de blé.’
Le gérant lui dit :
‘Voici ton reçu, écris 80’.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête
car il avait agi avec habileté ;
en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux
que les fils de la lumière.
Eh bien moi, je vous le dis :
Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête,
afin que, le jour où il ne sera plus là,
ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose
est digne de confiance aussi dans une grande.
Celui qui est malhonnête dans la moindre chose
est malhonnête aussi dans une grande.
Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête,
qui vous confiera le bien véritable ?
Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance,
ce qui vous revient, qui vous le donnera ?
Aucun domestique ne peut servir deux maîtres :
ou bien il haïra l’un et aimera l’autre,
ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.
Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Saint Joseph de Cupertino
Frère mineur (✝ 1663)
Joseph Desa est né à Cupertino dans les Pouilles (Italie) dans une famille très pauvre où il reçut une éducation très pieuse de sa mère qui était tertiaire de saint François. Maladroit, d'esprit lent, il voulait néanmoins devenir fils de saint François. Les Capucins n'en veulent pas. Les franciscains l'accueillent mais comme garçon d'écurie. Ils finissent par l'admettre au sacerdoce quand ils découvrent sa richesse spirituelle et humaine. Porteur de dons mystiques étonnants, il attire les foules: miracles, extases, lévitations. L'Inquisition se méfie et ordonne à plusieurs reprises de le mettre à l'écart. Saint Joseph accepte ces mesures avec une grande simplicité et une profonde humilité, sans jamais se plaindre.
La réputation de lévitation qui marqua la vie du saint explique qu'il ait été spontanément considéré comme le patron de tous les métiers liés à l'aviation et aussi des cosmonautes. Il a toujours été considéré comme le patron des étudiants et en particulier des candidats aux examens à cause des énormes difficultés scolaires qu'il rencontra jusqu'à son ordination. (Diocèse aux Armées françaises)
- Pourquoi est-il devenu le saint que doivent invoquer ceux qui passent des examens ou des concours ? vidéo du diocèse de Monaco
Voir aussi: Saint Joseph de Cupertino, saint patron des étudiants.
Un internaute nous envoie cette prière à saint Joseph de Cupertino retrouvée dans les affaires de sa grand'tante. Elle date, du moins le papier sur lequel elle est tapée, d'environ 1930.
Blaise Cendrars dans 'le Lotissement du ciel' l'appelle 'Le nouveau patron de l’aviation' (Folio p. 35-261)
À Osima dans la Marche d'Ancône, en 1663, saint Joseph de Cupertino, prêtre de l'Ordre des Mineurs. Reçu chez les conventuels, il se fit remarquer par sa pauvreté, son humilité et sa charité envers les pauvres au milieu des circonstances difficiles de sa vie.
Illustration: gravure du XVIIIe siècle représentant Saint Joseph de Cupertino
"Ce n'est pas en paradis que se fabriquent les saints. C'est sur terre." Paroles de sagesse de saint Joseph de Cupertino