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Homélies paroissiales
Homélie du 17 juillet par l'abbé Jean-Yves Poulailleau
Homélie du 17 juillet par l'abbé Jean-Yves Poulailleau
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Homélie du 17 juillet par l'abbé Jean-Yves Poulailleau

HOMÉLIE

Après la Parabole du Bon Samaritain dimanche dernier, avec la question d’un docteur de la Loi venu interpeller Jésus : "Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ...", l’évangile d’aujourd’hui nous introduit avec Jésus dans la maison de Marthe et sa sœur Marie. Marthe s’active pour accueillir Jésus, alors que sa sœur ne semble rien faire, assise aux pieds de Jésus pour l’écouter. Ce récit de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie présente deux façons de vivre la vocation chrétienne : la vie active et la vie contemplative.

L’Evangile nous présente d’abord Jésus qui s’arrête dans la maison de ses amis, sœurs de Lazare ; puis l’attitude contrastée de Marthe et Marie qui n’ont visiblement pas tout à fait le même tempérament. Ne les opposons pas trop vite et ne voyons pas dans la réponse de Jésus, l’affirmation d’une supériorité de la vie contemplative sur la vie active, mais plutôt leur complémentarité. L’équilibre de la vie chrétienne repose sur ces deux pôles : vivre la vie de Marthe aussi bien que celle de Marie : l’action et la contemplation.

La parabole du Bon Samaritain posait la question du ‘faire’ : "Que dois-je faire ..." ; alors que l’accueil de Jésus dans la maison de Marthe et sa sœur Marie, pose la question de l’équilibre entre le ‘faire’ de Marthe qui s’active pour bien accueillir Jésus et ‘l’être’ de Marie qui est là assise devant Jésus.

D’ailleurs, dans la parabole du Bon Samaritain, Jésus encourageait le docteur de la Loi à se dépenser sans compter pour pratiquer la charité en se mettant au service de son prochain, quel qu’il soit, fût-il un étranger tombé entre les mains de brigands.

Si Jésus semble reprocher à Marthe de "s’inquiéter et de s’agiter" dans les "multiples occupations du service", pourtant nécessaire à un bon accueil, c'est parce que voulant tellement bien faire, elle en fait trop. Elle ne sait pas s’arrêter pour se poser et écouter celui qu’elle veut accueillir en se dépensant sans compter.

Cette rencontre chez Marthe et Marie dans le prolongement de la parabole du Bon Samaritain, nous amène à distinguer deux attitudes apparemment contradictoires, et pourtant nécessaire.

-   le service du prochain pour lequel on s’active comme Marthe ou le Bon Samaritain qui s’occupe du blessé qui git au bord de la route.

-  le repos et de l’écoute avec le Seigneur, dans l’intimité de sa maison, celle-ci désignant aussi bien l’Eglise que notre cœur.

Autrement dit, il nous faut être attentifs à la Parole du Seigneur, et vigilants, car le bruit et le trafic du quotidien risquent de nous cacher la présence de Dieu. Pour servir et pratiquer réellement la charité, il faut commencer par écouter et contempler le Christ, le véritable Bon Samaritain qui se fait proche afin de nous révéler le visage de Dieu. Plus on s’active à la manière de Marthe pour bien accueillir le Seigneur, pour bien servir ses frères, plus grande encore la nécessité de s’asseoir pour écouter la Parole de Dieu afin de discerner le visage du Christ dans les frères que nous voulons accueillir et servir.

Si Dieu nous a appelés à demeurer comme “Marthe” en restant en tenue de service comme le Bon Samaritain, n’oublions pas que le Seigneur veut que nous soyons aussi comme “Marie” qui a reçu la meilleure part qui ne lui sera pas enlevée. Cette part est meilleur car c’est dans l’écoute que nous recevons ce que nous pouvons donner dans le service des frères.

L’articulation entre l’action et la contemplation, caractérise le vrai disciple, quelle que soit sa vocation. C’est dans l’écoute recueillie de la Parole qui éclaire que nous recevons ce dont nous avons besoin pour bien servir notre prochain. C’est ce que nous vivons lorsque nous répondons à l’invitation de Jésus chaque dimanche pour le repas eucharistique. On peut d’ailleurs voir dans l’accueil de Jésus par les deux sœurs, Marthe et Marie, une allusion au repas eucharistique, sauf qu’à la messe, ce n’est pas nous qui apprêtons un repas, mais Jésus qui nous invite et nous sert à table pour nourrir notre vie à la sienne.

Se poser devant le Seigneur, se nourrir de sa Parole et de son Eucharistie pour devenir ce que nous recevons afin de nous donner dans le service des frères. C’est aussi le sens de l’adoration eucharistique, la prière devant le tabernacle.

Prions l’Esprit Saint de nous aider à profiter de ce temps de vacances pour retrouver l’équilibre entre ces deux attitudes complémentaires d’une vie active et contemplative. Comme l’écrit Saint Ambroise (IVème siècle) : "Donc que celui qui sert obéisse à celui qui enseigne, et que celui qui enseigne encourage celui qui sert."

Puissions-nous retrouver l’heureuse alternance entre le faire et l’être, car pour bien faire, il faut consentir à se tenir avec le Seigneur. Pour devenir le bon Samaritain au service du prochain, il nous faut consentir à demeurer avec le Christ dans la contemplation et l’adoration. Le Seigneur nous invite à choisir cette meilleure part avant de nous envoyer donner le meilleur de nous-même pour servir notre prochain.


LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE

« Mon seigneur, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur » (Gn 18, 1-10a)

Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là,
    aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham,
qui était assis à l’entrée de la tente.
C’était l’heure la plus chaude du jour.
    Abraham leva les yeux,
et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui.
Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente
et se prosterna jusqu’à terre.
    Il dit :
« Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux,
ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur.
    Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau,
vous vous laverez les pieds,
et vous vous étendrez sous cet arbre.
    Je vais chercher de quoi manger,
et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin,
puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! »
Ils répondirent :
« Fais comme tu l’as dit. »
    Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente,
et il dit :
« Prends vite trois grandes mesures de fleur de farine,
pétris la pâte et fais des galettes. »
    Puis Abraham courut au troupeau,
il prit un veau gras et tendre,
et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer.
    Il prit du fromage blanc, du lait,
le veau que l’on avait apprêté,
et les déposa devant eux ;
il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre,
pendant qu’ils mangeaient.
    Ils lui demandèrent :
« Où est Sara, ta femme ? »
Il répondit :
« Elle est à l’intérieur de la tente. »
    Le voyageur reprit :
« Je reviendrai chez toi au temps fixé pour la naissance,
et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. »

    – Parole du Seigneur.

PSAUME

(Ps 14 (15), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5)

R/ Seigneur, qui séjournera sous ta tente ? (Ps 14, 1a)

Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.
Il met un frein à sa langue.

Il ne fait pas de tort à son frère
et n’outrage pas son prochain.
À ses yeux, le réprouvé est méprisable
mais il honore les fidèles du Seigneur.

Il ne reprend pas sa parole.
Il prête son argent sans intérêt,
n’accepte rien qui nuise à l’innocent.
Qui fait ainsi demeure inébranlable.

DEUXIÈME LECTURE

« Le mystère qui était caché depuis toujours mais qui maintenant a été manifesté » (Col 1, 24-28)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

Frères,
    maintenant je trouve la joie dans les souffrances
que je supporte pour vous ;
ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ
dans ma propre chair,
je l’accomplis pour son corps qui est l’Église.
    De cette Église, je suis devenu ministre,
et la mission que Dieu m’a confiée,
c’est de mener à bien pour vous l’annonce de sa parole,
    le mystère qui était caché depuis toujours
à toutes les générations,
mais qui maintenant a été manifesté
à ceux qu’il a sanctifiés.
    Car Dieu a bien voulu leur faire connaître
en quoi consiste la gloire sans prix de ce mystère
parmi toutes les nations :
le Christ est parmi vous,
lui, l’espérance de la gloire !

   Ce Christ, nous l’annonçons :
nous avertissons tout homme,
nous instruisons chacun en toute sagesse,
afin de l’amener à sa perfection dans le Christ.

    – Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

« Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part » (Lc 10, 38-42)

Alléluia. Alléluia.
Heureux ceux qui ont entendu la Parole
dans un cœur bon et généreux,
qui la retiennent et portent du fruit par leur persévérance.
Alléluia. (cf. Lc 8, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

    En ce temps-là,
    Jésus entra dans un village.
Une femme nommée Marthe le reçut.
    Elle avait une sœur appelée Marie
qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
    Quant à Marthe, elle était accaparée
par les multiples occupations du service.
Elle intervint et dit :
« Seigneur, cela ne te fait rien
que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ?
Dis-lui donc de m’aider. »
    Le Seigneur lui répondit :
« Marthe, Marthe, tu te donnes du souci
et tu t’agites pour bien des choses.
    Une seule est nécessaire.
Marie a choisi la meilleure part,
elle ne lui sera pas enlevée. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.


Bienheureuse Charlotte

et ses compagnes, Carmélites de Compiègne, martyres (✝ 1794)

 

Anne Marie Madeleine Françoise Thouret, en religion Sœur Charlotte de la Résurrection est née en 1715 à Mouy dans le diocèse de Beauvais. Lorsqu'éclate la Révolution française, en 1789, la communauté du Carmel de Compiègne compte 21 religieuses. 16 monteront sur l'échafaud. Conformément au décret du 13 février 1790 qui supprime les Ordres religieux contemplatifs, chaque carmélite est invitée à déclarer si son intention est de sortir de son monastère. Toutes affirment "vouloir vivre et mourir dans cette sainte maison." En 1792, la Mère prieure leur propose "un acte de consécration par lequel la communauté s'offrirait en holocauste pour que la paix divine, que le Fils de Dieu était venu apporter au monde, fut rendue à l'Église et à l'État." Le 14 septembre 1792, elles sont expulsées de leur couvent. Chaque jour, elles prononcent l'acte d'offrande. Le 23 juin 1794, au temps de la Grande Terreur, elles sont arrêtées. Jugées et condamnées à mort le 17 juillet, elles sont guillotinées le soir même, sur la place de Nation à Paris*. Leurs corps furent enterrés au cimetière de Picpus dans une fosse commune, où ils se trouvent encore dans le jardin des religieuses.
* une plaque marque l'endroit exact des exécutions sur le mur sud du pavillon d'octroi sud.


Carmélites de Compiègne.
À Paris, en 1794, les bienheureuses Thérèse de Saint-Augustin (Marie-Madeleine-Claudine Lidoine) et quinze compagnes: les bienheureuses Marie-Anne-Françoise Brideau (Sœur Saint-Louis), Marie-Anne Piedcourt (Sœur de Jésus Crucifié), Anne-Marie-Madeleine Thouret (Sœur Charlotte de la Résurrection), Marie-Claudie-Cyprienne Brard (Sœur Euphrasie de l'Immaculée-Conception), Marie-Gabrielle de Croissy (Sœur Henriette de Jésus), Marie-Anne Hanisset (Sœur Thérèse du Cœur de Marie), Marie-Gabrielle Trézelle (Sœur Thérèse de Saint-Ignace), Rose Chrétien de Neufville (Sœur Julie-Louise de Jésus), Annette Pelras (Sœur Marie-Henriette de la Providence), Marie-Geneviève Meunier (Sœur Constance), Angélique Roussel (Sœur Marie du Saint-Esprit), Marie Dufour (Sœur Sainte-Marthe), Élisabeth-Julie Vérolot (Sœur Saint-François), Catherine et Thérèse Soiron (sœurs converses), vierges, carmélites de Compiègne et martyres. Sous la Révolution française, elles furent condamnées à mort parce qu'elles avaient conservé fidèlement la vie religieuse et, avant de monter à l'échafaud, elles renouvelèrent leur profession de foi baptismale et leurs vœux religieux.

 

"Il est certain que notre position actuelle porte des exceptions qu'un cœur droit peut avouer mais dont un cœur fidèle n'abuse pas."

Lettre de Mère Thérèse prisonnière à l'une de ses religieuses

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