Ce mercredi 17 août 2022, nous avons accompagné le père Auguste dans la petite église de Beaurepaire.
Nous portons en nous le chagrin de son départ, mais nous savons que sa quête de Dieu n’a pas été vaine, il a suivi Son étoile tout au long de sa vie. Elle l'a conduit jusqu’à nous et maintenant elle le mène jusqu’à Lui.
- Il y a des êtres qui ne font pas de bruits, mais qui font beaucoup de biens.
- Il y a des êtres qui font l’unanimité sans jamais rechercher la gloire et les honneurs, parce qu’ils veulent demeurer serviteurs et rester tout petit.
- Il y a des êtres qui parlent peu, mais qui font beaucoup par leur présence et les multiples gestes d’amour et de tendresse qu’ils offrent avec leur cœur et leurs mains sans rien attendre en retour.
- Il y a des êtres qui sont proches de vous sans jamais s’imposer, ni vous accaparer.
- Il y a des êtres qui respirent la sainteté, joyeusement sans jamais se prendre au sérieux.
- Il y a des êtres qui aiment le Christ et vivent tellement de Lui, qu’ils nous le rendent présent comme si nous pouvions le voir de nos yeux, le toucher de nos mains et l’entendre avec nos oreilles.
Il est passé dans notre vie, dans celle de notre église diocésaine en faisant le bien. Dans le visage du père Auguste, nous retrouvions celui d’un frère, d’un père, d’un ami. Au fur et à mesure que les jours vont passer, nous allons retrouver dans notre mémoire -la vraie, celle du cœur- telle conversation, un sourire, un conseil, une boutade, un mot qui nous a pacifié, une réflexion qui nous a redonné espoir ou qui nous a rapproché de Dieu. Gardez-les précieusement, elles constituent le patrimoine invisible qu’il nous laisse.
Oui, c’est réconfortant quand la vie nous a égratignée, blessée, de rencontrer
- un visage ouvert, accueillant, apaisant et apaisé,
- un regard qui ne vous juge pas mais qui vous aime,
- un sourire qui n’est pas une grimace, mais qui vous invite à la joie, une parole qui n’est pas une sentence, mais qui calme et adoucit tous les maux de l’existence qui parfois nous terrassent et nous anéantissent.
Un visage, un regard, un sourire, une parole : tout cela, le Père Auguste l’a été pour nous, à la suite de Son Seigneur.
Nous sommes tristes, mais il faut que notre tristesse se change en joie. Il faut que nous rendions grâce au Seigneur de nous avoir donné ce prêtre durant ses 62 ans de sacerdoce.
Patiemment, discrètement, soigneusement, amoureusement, il a pris soin de nous, à la manière du Bon Pasteur. Il nous connaissait bien, cela signifie que notre existence d’homme, de femme, était gravée dans son cœur à la vie, à la mort et il est parti vers Son Seigneur en emportant tous nos visages avec lui pour les présenter à Son Maître dans l’Eternité.
C’est cela qui caractérise le père Auguste, il n’abandonne jamais celles et ceux qui lui ont été confiés ou qui se sont confiés à Lui. Il continue à les accompagner, à les guider, à les aimer au-delà de la mort, au-delà de sa propre mort.
Sa vie, sa foi, son cœur étaient pour nous, étaient à nous. Le père Auguste a écrit cette parole de foi que nous recevons…
« Je vous embrasse tous et je vous attends ».
Au revoir père Auguste
Jean-François avec l'aide d'une homélie de + Norbert TURINI,
Evêque de Cahors
Homélie du père Jean-Marie Bounolleau
Sépulture d’Auguste Rambaud. Mercredi 17 aout 2022, Beaurepaire
1ère lect : 2 Co 4,14 – 5,1 (Lectionnaire funérailles p.37-38)
Ps. 99
Ev : Mt 25, 31-46 (Lect. Funérailles p.48)
« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ». Cette parole de l’Evangile, Auguste la reçoit pour lui-même au moment où il vit le passage : « Venez les bénis de mon Père ».
En pensant à cette perspective, il avait écrit en 2013 : « j’aime retenir cette réflexion reçue d’une personne accompagnée à Ste Gemme : « le dernier jour sera le plus beau jour ».
La même certitude que celle affichée par Paul dans le passage de la 2ème lettre aux Corinthiens que nous avons écouté : « Frères, nous le savons, celui qui a ressuscité Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus. »
De cet Evangile du jugement dernier, ce n’est donc sans doute pas la surprise marquée par tous ceux qui ont bien œuvré et qui surtout s’entendent dire qu’en ayant fait ainsi ils ont honoré et servi Dieu lui-même qui qualifie le mieux Auguste… Encore que ?!
Tout au long de ses années de ministère, il a développé une âme pastorale, se donnant aux uns et aux autres sans compter, prenant des notes pour permettre le suivi des personnes, se documentant sur les différents sujets d’actualité, lisant … Il y avait de la régularité, de la fidélité dans l’accompagnement, de la constance et de la ténacité dans le travail… Un regard humain sur les personnes et leur trajectoire de vie, le regard de celui qui a lui-même vécu, et qui en a développé toute une sagesse.
Une manière d’être prêtre dans le don de lui-même, dans le service et la disponibilité, pour des proches comme pour des plus lointains, au travers notamment du soutien à nombre d’associations et œuvres caritatives.
Nous savons aussi combien il a été peiné au moment où nous comprenions l’ampleur de ce qui s’était passé au petit séminaire de Chavagnes.
Tout ceci, entrelacé avec la Parole de Dieu et nourrissant sa vie spirituelle.
« J’avais faim… J’étais nu… J’étais malade… Et vous m’avez visité… soigné… accueilli… »
Comme prêtres, nous savons ce que cela – acquérir une âme de pasteur - demande d’efforts, d’abnégations, de reprises, de prières… avec parfois des découragements et des renoncements. Chez Auguste, avec les années, c’était devenu naturel – au moins pour un observateur extérieur !… Au point que finalement la surprise de l’Evangile pourrait aussi être la sienne. Après tout, pourrait-il dire : « je n’ai fait que ce que l’on peut attendre d’un prêtre. Quoi de remarquable ?! »
Et oui sans doute. C’est cela qui est marquant dans la vie d’Auguste, notamment pour nous, prêtres, pour nous guider dans notre manière de vivre notre service.
Et pour nous tous également, la vie d’Auguste peut être inspirante… Au travers de cette attention aux uns et aux autres qui est la plus belle des manières d’honorer le Seigneur : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Auguste a écrit quelques toutes petites choses en vue de cette célébration que nous vivons ce matin. Et notamment celle-ci, autre parole de foi que nous recevons… Cette confiance qui l’habitait, qui l’habite :
« Je vous embrasse tous et je vous attends ».
