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Actus paroissiales
Topo de Maximilien ADAM
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Topo de Maximilien ADAM

L’ascèse chrétienne :

 

Une mauvaise compréhension de l’ascèse a conduit à ne plus du tout la pratiquer aujourd'hui. En effet, les premières idées qui surgissent à l'esprit lorsque le mot l’ascèse est prononcé sont plutôt de connotation négative : « c'est se faire du mal pour rien », « l’ascèse c'est bon pour les jansénistes », « ça ne sert à rien ».

Pourtant, l’ascèse est essentielle pour mettre la vie en accord avec la Foi, avec le mystère chrétien de la croix du Christ en nous. L'Eglise enseigne qu'il n'y a pas de tendance sérieuse à la vie parfaite, sans une pratique sérieuse de l’ascèse.

Avant de regarder l’ascèse dans ces pratiques, mieux vaut définir sa place dans le rythme de la transformation du chrétien, c'est de ça qu'il s'agit.

Sans certains caractères, on ne peut pas parler d'ascèse : l'ascèse comprends nécessairement Comme idée un caractère pénible, quelque chose de volontaire, et de méthodique.

À ce stade, une première objection surgit : ce qui fait le chrétien, ce n'est pas un exercice volontaire, mais la grâce reçu de Dieu. L'augmentation en nous de la charité vient toujours de Dieu et non de nos actes. En ce cas que dire ? que l’ascèse est inutile ? Certes non !

Mais c'est la grâce qui demande l’ascèse.

Pour bien comprendre cette phrase imaginons que, lorsque Dieu - qui est la charité même -s'introduit en nous sans résistance, on est totalement transformé tout de suite et nous rayonnons de sa vie à chaque instant. Or la grâce ça ne fonctionne pas comme ça, elle ne rentre pas en nous aussi facilement. Il y a en effet le péché de l’homme, qui sont des obstacles à la descente de la charité en nous.

C’est là qu'intervient l’ascèse.

Il s'agit de réduire les obstacles que la charité rencontre pour qu'elle puisse agir en nous. Mais il faut vouloir et désirer ce triomphe de la charité. C'est donc dans l'amour de la charité qu'on puise la force de se faire instrument docile de celle-ci.

Puisqu'il s'agit d'un redressement, de corriger des obstacles, alors forcément l’ascèse a un caractère pénible. S'il s'agit de tendances à soumettre, alors ce caractère de lutte est nécessaire. En effet, il faudra refuser les satisfactions désirées ; imposer des actes qui répugnent.

Ce n'est pas seulement une affaire de bonne volonté, il faut que cela se concrétise dans les actes.

Mais quels actes adopter ?

Tout d'abord, il est nécessaire de repérer les obstacles que la charité rencontre. Cela demande un sérieux effort d’examen de conscience. Cet examen de conscience et une démarche personnelle, mais pas uniquement. C’est aussi les autres qui peuvent effectivement nous aider à cibler les obstacles. Une direction éclairée est nécessaire. Cela peut être un père spirituel ou

bien une personne avec laquelle on partage une amitié très forte. Cela évite de pratiquer une ascèse qui nous rend désagréable au prochain.

Comme nous sommes des esprits incarnés, en agissant sur le corps on agit aussi sur l’âme. Les actes à adopter supposent donc une maîtrise du corps. Il y a des attitudes qui empêchent ce que demande la charité : la paresse, l'amour des aises, la peur de l'effort par exemple.

Enfin, il y a aussi une ascèse de l'imagination, du cœur, de l'intelligence et de l'orgueil.

Il faut comprendre que l’ascèse ne consiste pas à seulement éviter le péché, mais c'est de lutter contre une tendance qui mène au péché. En effet la vie spirituelle ne consiste pas seulement à éviter le mal mais à faire le bien, c'est-à-dire à pratiquer les vertus. Et pour que les vertus puissent s'établir, il faut redresser les tendances déviées et donc les contrarier. Pour en arriver là, il faut avoir supprimé les obstacles. Grâce à la l’ascèse qui prépare des chemins, des voix pour que les vertus puissent s'établir.

L’ascèse est donc non seulement une disposition à la charité, mais devient aussi instrument de la charité. En effet, puisque l’ascèse dispose à recevoir la grâce, la fidélité à la grâce est source d'accroissement de la grâce. L’ascèse est ainsi indispensable à la vie spirituelle du chrétien. Et le carême est un temps particulier et d'apprentissage de l’ascèse, pour remettre en place les pratiques qui ont pu être délaissées ou écartées durant l'année. Toutes les caricatures d'une ascèse triste, morose disparaissent. L’ascèse se fait dans la joie et l'amour.

Il semble important d'évoquer également quelques dangers qu'une ascèse mal pratiquée peut entraîner.

En pratiquant à fond l’ascèse, on attend la sainteté de Dieu. Donc le danger de l’ascèse est l'orgueil qu'elle peut engendrer. Elle peut aussi se subsister en sorte de volontarisme ou d'héroïsme mal réglé.

Il ne faut pas se des décourager, non. Car une constance dans l’ascèse finit par entraîner une habitude, une sainte habitude. On peut atteindre le stade où ce n'est plus difficile de se priver de telle ou telle chose. Le goût de Dieu atténue le goût des nourritures terrestres vaines. Il y a une transformation qui s'est opérée en nous. C'est la victoire ! Le père jésuite Yves de Montcheuil cite dans son ouvrage Problèmes de vie spirituelle, le témoignage du père Lhande qui rapporte cette réponse d'un prêtre de banlieue à qui on faisait remarquer que son logement n'était guère confortable : « le confortable ne m'intéresse pas ». Par l'habitude de se priver de ce qui n'est pas indispensable, on se rend capable de supporter, sans être gêné, le manque de confort. Et parce que le coeur est pris ailleurs, on ne s'y intéresse même plus.

Même si on ne sera jamais au bout de tous les obstacles que la charité rencontre, on arrive à un stade où l’ascèse est dépassée, on se portera sur quelque chose de plus intérieur. Ainsi, le chrétien pourra vivre dans le monde sans être du monde, sans s’y engluer. Rien n'est plus beau que cette liberté du Saint, qui pour la gloire de Dieu et pour le bien de ses frères, use de la création sans être le captif. Plus la charité envahie l'âme, plus on renonce pour corriger les déviations, et plus se superpose l'amour de la Croix. La croix qui est le lieu par excellence de l'union de l'homme au Christ.

Question : Y-a-t-il une figure de Saint qui puisse nous donner le goût l’ascèse ?

-> Il y a bien Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qui, par sa Petite Voie de l’enfance, permet de corriger une pratique mortifiante de l’ascèse non-ajustée à la volonté de Dieu. Sa petite voie consiste à offrir sa vie en sacrifice saint à Dieu dans les petits actes quotidiens de charité plutôt que dans la mortification amère.

Maximilien Adam, séminariste, Dim à la joie du 20 mars 2022

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