0
Homélies paroissiales
Homélie du 27février 2022 par l'Abbé Alexandre-Marie Robineau
Homélie du 27février 2022 par l'Abbé Alexandre-Marie Robineau
© a

| Webmaster 3617 mots

Homélie du 27février 2022 par l'Abbé Alexandre-Marie Robineau

HOMÉLIE

Chers frères et sœurs bien-aimés de Jésus Christ,

Avez-vous l’âme d’une cloche, chers amis ? Est-ce que vous savez que les cloches des églises sont les seuls objets, les seules choses pouvant être baptisées ? Elles reçoivent un prénom avec un parrain et une marraine. On peut bénir plein d’autres choses : bateau, cheval, maison, voiture, etc. mais seules les cloches sont baptisées. Pourquoi ? Parce qu’elles participent, en quelque sorte, du plus intime de notre vie en nous appelant à la prière, à la vie intérieure. Quand les cloches sonnent, nous sommes invités par elles et donc par Dieu à venir nous rassembler pour célébrer. Dieu nous convoque et nous rassemble pour se donner à nous. Quand on vient à la messe, nous ne faisons que répondre à une invitation. C’est Dieu qui nous invite à le retrouver. C’est Dieu qui fait le premier pas et qui attend notre réponse, notre oui pour vivre cette rencontre qui change notre vie en bien… Alors, à nous aussi, d’être des cloches pour les autres afin de les inviter à venir rencontrer Jésus, à venir prier Jésus… Certes, on a tous un truc qui cloche mais on n’est pas assez souvent une bonne cloche pour nos frères… ce sera le cas si notre cœur vibre comme une cloche de l’amour de Dieu pour mieux diffuser la douce musique de cette intimité divine en nous… Ne pas être source de « cluster viral » mais de cloche-cœur aimable… 

1/ Tout d’abord acceptons d’être des cloches fêlées

Il y a toujours un truc qui cloche en nous mais on voit d’abord ce qui cloche chez les autres… La paille et la poutre traversent chacune de nos vies et même chacune de nos journées…

Jésus nous invite à cette authentique humilité pour voir et accepter nos fêlures. Oui, ce n’est pas facile de les voir et de les reconnaître. Ça ne correspond pas à l’image qu’on aimerait donner de soi-même, à l’idéal qu’on aimerait être et vivre, selon nos critères très humains de morale et de perfection. Mais c’est une étape essentielle et fondamentale que de faire cette vérité dans notre vie, sur nous-mêmes, pour avancer en évitant les pièges et les murs… Sinon on est dans le mensonge et l’hypocrisie. On nie le réel et la vérité de ce qu’on est et on ne peut donc pas travailler pour essayer de changer…

Regarder le Christ et se laisser regarder par le Christ nous aide en vérité, dans et par la prière, à ce regard juste sur nous-mêmes et donc aussi sur les autres. Non pas en se comparant à partir de soi-même mais toujours en regardant à partir du Christ, à partir de Dieu… et nos fêlures, dans et par le Christ, deviendrons une chance et même une grâce pour laisser Dieu agir. Toujours partir du Christ… Voir l’autre, mon frère, à partir du Christ. Voir l’Eglise à partir du Christ. Je viens à la messe parce que le Christ m’appelle. Encore une fois c’est lui qui a l’initiative. Vous voyez, par exemple, c’est un peu le danger ou le risque d’une expression comme « faire Eglise », « faire communauté » en partant de nous, de notre réalité humaine, alors qu’il faut toujours partir de Dieu. Et c’est le Christ qui fait l’Eglise, qui fait la communion, qui construit la communauté…

Donc partir du Christ pour voir nos fêlures, nos blessures, nos défauts, nos péchés…toutes les poutres dans nos yeux… et on y verra plus clair comme dit Jésus… Quel bon sens ce Jésus ! 

2/ La deuxième chose c’est le mystère du mal, quand même…

Jésus le dit : un bon arbre donne du bon fruit et un arbre pourri donne du fruit pourri… oui, mais pas toujours… Et malheureusement, dans l’Eglise même, on a l’exemple de fondateurs de communauté nouvelles notamment (Jean Vannier, le P. Philippe, etc.) qui ont créé de belles choses produisant de bons fruits mais qui aussi, dans le même temps, ont abusé de leur pouvoir, ont commis des crimes, ont défiguré le visage de l’Eglise et du Christ… comment est-ce possible ? La parabole de Jésus semble contredite, non ?

Vous savez, il faut toujours mettre en parallèle les différentes paraboles de Jésus pour comprendre le sens ultime et profond. On ne doit jamais isoler un verset unique de la Bible et en faire une vérité absolue. Et toujours lire et comprendre en partant du Christ lui-même. Et il y a aussi la parabole du bon grain et de l’ivraie où Jésus demande d’attendre jusqu’au bout, jusqu’à la fin de temps pour séparer le bon grain de l’ivraie, le mal du bien, les méchants des justes. Car si on veut le faire dès maintenant, on risque d’arracher le bon grain. Donc Dieu patiente…

De plus, Jésus insiste souvent pour dire que ce qui compte vient du cœur. Et chacun de nous a déjà pu faire l’expérience que notre cœur est partagé. Nous voulons faire le bien et nous faisons le mal que nous ne voulons pas. Nous savons que nous sommes pécheurs et nous voyons aussi, quand même, que nous pouvons faire du bien, faire de bonnes choses, malgré notre péché et le mal présent dans notre cœur…

Là, nous sommes confrontés au mystère du mal. Et le Christ ne vient pas répondre à nos questions. Il ne vient pas nous donner des solutions quand nous sommes blessés par des injustices, quand nous sommes révoltés par les souffrances ou la mort d’un proche, etc. Notre Dieu vient partager notre condition. Il vient souffrir et mourir pour nous, par amour pour nous. C’est ça sa réponse. C’est ainsi que nous pouvons répondre au mystère du mal : en offrant notre vie par amour avec le Christ. C’est ce qui donne sens à tout, à toute notre vie… Comme dit St Paul : « Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ». Le Christ, par la croix, est victorieux du mal… et la greffe du mauvais arbre sur l’arbre de vie qu’est la croix du Christ peut permettre de produire quand même du bon fruit… 

3/ Et enfin, chers amis, consentir au réel

La paille et la poutre, l’arbre et le fruit, les figues, les épines, les ronces, et le raisin…

Jésus, par ses paraboles et ses images, nous invite à ce bon sens, à ce sens de la réalité, ce sens du concret, ce sens naturel qu’on a perdu en ne mettant plus assez souvent nos mains dans la terre, en nous éloignant d’un contact vital avec la nature, le réel, le concret… Alors, on a plein d’idées, d’idéals, de rêves, de grande pensée, d’imagination et même d’idéologie, avec plein de bonnes intentions mais on en oublie la réalité incarnée de notre vie et l’importance de notre cœur. On veut tout changer dans l’Eglise et dans la société, tout révolutionner, et on oublie que la première chose à changer c’est son propre cœur, c’est soi-même ! Vivre une révolution intérieure de l’amour ! Une conversion du cœur pour vraiment aimer et se donner… Et pour vivre cette conversion du cœur, il faut consentir au réel et arrêter de rêvasser et de fuir notre vie, de refuser ses limites et ses contingences…

Chers amis, laissons Jésus toucher notre cœur, le changer, le convertir, le retourner afin que Jésus par nous, par notre cœur, puisse toucher le cœur des autres…

Quand nous venons à la messe, répondant à l’invitation de Jésus, nous venons pour nous remplir de l’amour de Jésus afin que cela déborde tout le reste de la semaine là où nous vivons… Oui, chers amis, laissons la grâce de la lumière de Jésus traverser nos blessures pour illuminer le monde de cet amour de Dieu pour tous les hommes… Jésus a besoin de notre cœur pour aimer et continuer de se donner au monde…Alors offrons lui notre cœur…

Et demandons à la Vierge Marie de nous aider à offrir avec elle notre cœur à Jésus afin qu’il brûle du feu de l’amour de Dieu et qu’il réchauffe et illumine ceux qui cherchent Dieu.

Je Vous salue Marie.jpg
Je Vous salue Marie.jpg © a
Je Vous salue Marie.jpg

Abbé Alexandre-Marie ROBINEAU +

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

Quand on secoue le tamis, il reste les déchets ;
de même, les petits côtés d’un homme
apparaissent dans ses propos.
    Le four éprouve les vases du potier ;
on juge l’homme en le faisant parler.
    C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ;
ainsi la parole fait connaître les sentiments.
    Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé,
c’est alors qu’on pourra le juger.

    – Parole du Seigneur.

PSAUME

R/ Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce ! (cf. Ps 91, 2)

Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits !

Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.

Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »

DEUXIÈME LECTURE

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
au dernier jour,
    quand cet être périssable
aura revêtu ce qui est impérissable,
quand cet être mortel
aura revêtu l’immortalité,
alors se réalisera la parole de l’Écriture :
La mort a été engloutie dans la victoire.
    Ô Mort, où est ta victoire ?
Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?
    L’aiguillon de la mort,
c’est le péché ;
ce qui donne force au péché,
c’est la Loi.
    Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire
par notre Seigneur Jésus Christ.
    Ainsi, mes frères bien-aimés,
soyez fermes, soyez inébranlables,
prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur,
car vous savez que, dans le Seigneur,
la peine que vous vous donnez n’est pas perdue.

    – Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

Alléluia. Alléluia.
Vous brillez comme des astres dans l’univers
en tenant ferme la parole de vie.
Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
    Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.

    Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,
alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,
tu ne la remarques pas ?
    Comment peux-tu dire à ton frère :
‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.

    Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ;
jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
    Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit :
on ne cueille pas des figues sur des épines ;
on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
    L’homme bon tire le bien
du trésor de son cœur qui est bon ;
et l’homme mauvais tire le mal
de son cœur qui est mauvais :
car ce que dit la bouche,
c’est ce qui déborde du cœur. »

    – Acclamons la Parole de Dieu.


 

Saint Grégoire de Narek

Moine au monastère de Narek, docteur de l'Église (✝ v. 1005)

Né en Arménie près du lac de Van, le jeune Grégoire perd sa mère; son père décide alors d'entrer au couvent, confiant son fils au monastère de Narek, où il est élevé par son grand-oncle. Passionné pour l'étude, le jeune moine lit les Pères de l'Église arménienne ainsi que les traductions des Pères grecs. Des jaloux l'accusent d'hérésie. Pour lui tendre un piège, on lui apporte un pâté, un jour de jeûne. Il rend la liberté aux oiseaux cuits et ceux-ci s'envolent emportant avec eux sa réputation d'hérétique. Sa renommée se répand. On lui demande de nombreux écrits. Actuellement encore, ses 'Élégies sacrées' où s'exprime son expérience mystique, constituent le principal livre de prière de l'Église arménienne.

gregoiredenarek.jpg
gregoiredenarek.jpg © a
gregoiredenarek.jpg

 

Illustration: Grégoire de Narek rédigeant son fameux 'livre des lamentations' tableau d'Advast Berberian vers 1960 - Musée Melik

- Le moine «chanteur» de Marie, le 2 février 2021, décret inscrivant la mémoire facultative de trois docteurs de l'Église: Grégoire de Narek, Jean d'Avila et Hildegarde de Bingen au Calendrier romain.
- Saint Grégoire de Narek, qui a vécu au Xe siècle, est une figure centrale de l'histoire arménienne; ses abondants écrits, composés de poèmes, hymnes et de commentaires bibliques, tiennent encore aujourd'hui une place prépondérante dans la littérature nationale. Théologien, mystique, il est également le 36e docteur de l'Église; proclamé comme tel par le Pape François lors d'une messe célébrée en la Basilique Saint-Pierre pour les fidèles de rite arménien, le 12 avril 2015, à l'occasion du centenaire du Metz Yeghern, le 'grand mal', qui a frappé le peuple arménien, première nation chrétienne de l'Histoire. Cette célébration, intense et émouvante, avait mis en évidence la fraternité entre l'Église catholique et les différentes Églises de l'Arménie. Saint Grégoire de Narek, fêté le 9 octobre dans l'Église arménienne, le 27 février dans l'Église latine, est le deuxième docteur de l'Église à provenir de l'Orient, après Saint Ephrem Le Syrien, proclamé en 1920 par le Pape Benoît XV.
Le Pape François, entouré de Karékine II et d'Aram Ier, inaugure la statue de St Grégoire de Narek dans les jardins du Vatican, le 5 avril 2018.
- Ce moine mystique arménien du Xe siècle est connu pour son recueil de prières de près de 20 000 vers... Il devient le second docteur de l'Eglise à provenir d'une Eglise orientale après Ephrem le Syrien, élevé au doctorat en 1920 par Benoît XV.
Saint Grégoire de Narek, nouveau docteur de l'Eglise (Radio Vatican le 11 avril 2015)
- L'architecture du Livre de Lamentation de Grégoire de Narek
Au monastère de Narets en Arménie, vers 1005, saint Grégoire, moine, docteur des Arméniens, illustre par sa doctrine, ses écrits et sa connaissance mystique.

Si, malgré l'attention des gardes, quelqu'un s'égare dans la solitude, Que ce livre lui permette d'attendre ton retour vivificateur !

Livre de Lamentation de Grégoire de Narek

Répondre à () :


Captcha