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Vie du diocèse
Bioéthique : Mgr Jacolin s’exprime
Bioéthique : Mgr Jacolin s’exprime
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Bioéthique : Mgr Jacolin s’exprime

 

 

 

A propos du projet

de la révision des lois de bioéthique

 

Pour une écologie fraternelle

 

Où allons-nous ?

Avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, l’Eglise cherche à découvrir ce qui est bon pour l’homme. Lorsqu’elle est amenée à mettre en garde contre certains dangers, c’est dans le but positif de toujours vouloir le meilleur pour l’humanité.

La société a toujours évolué : c’est normal. Mais aujourd’hui, elle le fait dans une fuite en avant accélérée qui ne laisse pas d’espace au discernement de la raison. Ainsi, les désirs particuliers tendent à devenir le seul critère retenu, au détriment du bien commun dont les indicateurs les plus sûrs sont la recherche d’une harmonie avec l’ensemble de l’univers, le souci des générations à venir et le respect prioritaire accordé aux plus faibles.

Or, les actes personnels n’engagent pas que soi-même, mais, de proche en proche, impactent l’ensemble des relations sociales pour le présent et pour l’avenir. Par exemple, la crise écologique devrait nous rappeler que chaque chose dans la nature est en interconnexion et que toute action, individuelle ou collective, impacte l’avenir de l’humanité.

Aujourd’hui l’homme, dans un désir chimérique de tout maîtriser, cherche à manipuler non seulement la nature, mais aussi sa propre reproduction, sans trop se poser de questions sur les conséquences pour lui-même et pour les autres. Nous ne pouvons que le constater une fois de plus à propos du nouveau projet de loi sur la bioéthique qui se discute en ce moment au Parlement.

La Procréation Médicalement Assistée (PMA)

Le principal sujet débattu concerne l’extension de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules.

Cette extension détourne la médecine de sa finalité propre. Il ne s’agit plus de soigner une maladie ou un handicap, mais de réaliser techniquement des prestations de services pour combler à tout prix des demandes individuelles qui n’ont plus rien à voir avec l’acte thérapeutique.

Surtout, par cette mesure, on brouille les notions de paternité ou de maternité qui sont au fondement de la construction personnelle des enfants et de leur intégration dans la société. Cela concerne en premier lieu les liens de l’enfant avec la mère qui l’a porté dans son sein et noué intimement des liens irréductibles avec lui : cette mère ne peut être qu’unique. Cela concerne aussi le père dont le rôle, pour le bien de l’enfant, ne peut se réduire à être fournisseur de matériel génétique. Or les arrangements juridiques qu’on nous prépare tendent à saper les relations biologiques fondamentales de l’enfant avec sa mère et avec son père qui sont à la source du « vivre ensemble » de toute la société.

L’homme est un être culturel. C’est ce qui le distingue de l’animal et lui donne cette dignité propre d’être appelé à se construire dans une liberté responsable en relation avec les autres. Mais il tombe dans une décadence mortelle chaque fois qu’il utilise cette liberté en prétendant s’affranchir de ses racines corporelles et de la solidarité sociale.

On voit combien l’expression « procréation médicalement assistée » devient trompeuse. Ce n’est plus un acte médical dans le sens vrai du terme. Et la belle expression de « procréation » – à savoir la création ensemble, père et mère, d’un petit d’homme – est vidée de son sens.

 

La recherche sur l’embryon humain et la tentation de l’eugénisme

En 1994 la loi avait entrouvert la porte, sous forme de dérogations, à une utilisation pour la recherche médicale de cellules souches issues d’embryons. Dans le projet de loi actuel, sous la pression d’officines en recherche médicale, la porte est maintenant grande ouverte : il n’y a plus de limite à la reproduction de cellules embryonnaires, toujours issues d’embryons sacrifiés. On veut aussi aller jusqu’à autoriser la création d’embryons transgéniques ou l’introduction de cellules humaines dans des embryons d’animaux.

Ainsi on reconnaît de moins en moins à l’embryon une dignité propre à la personne : il entre dans la catégorie des objets manipulables et soumis aux lois du progrès technique et du marché : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Le devoir de débattre et d’alerter

Il y aurait encore d’autres aspects du projet de loi à commenter. Mais ce qui précède est suffisamment grave pour que chacun, en tant que citoyen soucieux du bien commun, exprime publiquement ses convictions en les argumentant et que des actions collectives soient envisagées, avec force mais sans violence.

Il n’est pas dans la vocation de l’Eglise d’organiser habituellement des manifestations publiques, mais il existe des associations ou des collectifs, d’inspiration chrétienne ou non, pour défendre une saine conception de la personne et de la famille. C’est le cas pour la manifestation nationale du 6 octobre prochain.

L’espérance dans l’amour fraternel

Le désir d’enfant – qui n’équivaut pas à un droit à l’enfant – est un beau désir, un désir naturel qui est une expression du besoin d’aimer et d’être aimé, du besoin de se donner pour quelque chose de grand qui va plus loin que soi, dans un don désintéressé de soi-même. Ce désir, en particulier pour les femmes, de concevoir et d’enfanter est toujours à respecter dans son principe. Mais le bien supérieur de l’enfant n’autorise pas qu’il soit satisfait à n’importe quelle condition.

Accueillons comme des frères et des sœurs tous ceux et toutes celles qui ont ce désir dans le cœur et qui souffrent de ne pouvoir le réaliser. Notre sollicitude et notre amitié apaiseront plus « humainement » la tristesse du manque d’enfant que les « bricolages » souvent douloureux que pourrait nous offrir la technique, même avec la caution de lois de circonstance : seule la fraternité effective ouvre le chemin de l’espérance pour l’humanité !

À Luçon, le jour de la fête de saint Henri Dorie, 20 septembre 2019

  François JACOLIN Evêque de Luçon

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